LA SEIGNEURIE DES VISAGES

On ne voit pas de décors dans ce film.

Pas de possibilité de regarder par dessus l'épaule de ces femmes, malgré elles.

Le voyeurisme habituel qui, sous couvert d'approche sociologique nous fait pénétrer dans les maisons est refusé.

Seule la parole de ces femmes m'importe, livrée par des visages respectés "dans leur seigneurie" comme le disait Levinas. Car ce film veut porter une parole simple, directe, en confiance pour une écoute bienveillante. Leur message est fort. Fort de dignité, de conscience de l'épreuve subie et de son exemplarité. La beauté intérieure, la sincérité de ces ouvrières confrontées à une pression insultante donc intolérable, se révèle grâce à un dispositif de tournage très léger, presque anodin. Cette gravité sans pesanteur, la conscience de la justesse de leur position, les marques de leur souffrance n'ont pas été volées par un tournage rapace. Tout au long de ces rencontres, je me suis efforcé de toujours avoir à l'esprit cette préoccupation : rendre à ceux que l'on filme ce qu'ils vous donnent en acceptant d'être devant la caméra.

Le refus de la Présidente Directrice Générale de l'usine Maryflo, du Président du tribunal de Commerce, du Maire de la Commune de Kervignac, du Médecin du Travail, de l'Administrateur Judiciaire de l'entreprise de témoigner dans le film m'ont aidé dans mon projet initial : Restituer la parole et la dignité de ces femmes remarquables.

J'espère que ce film ne les trahira pas et contribuera à leur recherche d'une nouvelle vie.

Hervé NISIC.

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