Le Monde télévision
l'article de Pierre Le Hir
Femmes de tête
SUR 586 PRIX NOBEL
décernés dans les
disciplines scientifiques,
onze seulement ont été
attribués à des femmes. La
biologiste allemande
Christiane Nüsslein-Volhard
est lune delles. Dans ce
documentaire de la soirée
thématique Dans les
couloirs de la recherche ,
elle raconte comment,
toute jeune chercheuse,
elle a pour la première
fois compris ce quétait le
chauvinisme mâle , face
à un chef de laboratoire
convaincu que les femmes
avaient dautres talents que
les hommes et quelles ne
valaient pas grand-chose
dans la recherche, car il ny
avait jamais eu dEinstein
féminin . Elle parle aussi
de sa passion pour la
recherche, plus forte que
tous les obstacles :
Lorsquon découvre
quelque chose, peu importe
quon soit un homme ou
une femme. En nous
emmenant de Tübingen
à Milan et de Götteborg
aux rivages de Sardaigne, à
la rencontre dune dizaine
de femmes de science
européennes, Hervé Nisic
et Marina Julienne mettent
des visages et des mots sur
une réalité dont les
statistiques scientifiques
parlent peu : le sexisme
ordinaire qui imprègne le
milieu de la recherche, à
lembauche et, plus encore,
dans laccession aux postes
de responsabilité.
Comment chacune
réagit-elle ? Geneviève
Almouzni, biologiste à
lInstitut Curie, na pas
envie dêtre considérée
comme une espèce à
protéger . Rita Schultz,
astrophycienne à lAgence
spatiale européenne,
plaide au contraire pour
des quotas de postes
réservés aux femmes :
Sinon, à compétences
égales, on prendra
quand même lhomme.
Parlant au nom des
nouveaux membres de
lUnion européenne,
lEstonienne Ene Ergma
refuse que lon gaspille
le capital que
représentent les jeunes
femmes diplômées
de ces pays. On doit
en parler, explique-t-elle.
Cest ça la première étape.
Pierre Le Hir