Notes Hervé Nisic

Pour l’installation parallèle aux spectacles

Intermittences du coeur / Splendeur inespérée de Germana Civera



INTERMITTENCE INESPEREE



Principe :

Créer un espace au mitant du travail, par deux projections simultanées se faisant face.

triangulation entre les espaces géographiques antérieurs : Barcelone, Montpellier, et le travail à Toulouse.

sur une trajectoire temporelle : après / avant, entre souvenir et rêve.



Au sens propre, un couloir spatio-temporel.



projection 1

Intermittences du coeur revisitées

projection 2

Splendeur inespérée rêvée





maquette 3D :

http://herve.nisic.free.fr/intermittence.inesperee/essai_vide_02.html



premières notes de travail :

« Splendeur inespérée », comme une attraction vers le poème de Pope d’où le film « Eternal sunshine of a spotless mind » tire son titre.

Aller vers le sublime

comment trouver un chemin de l’éclat au sublime, c’est à dire la question de la durée, de la suspension quand tout ramène au déclin, à la chute.


Comme l’épitaphe sur la tombe de Tarkovski : « à l’homme qui a vu un ange »


Ce qui reste toujours vrai dans le cinéma, c’est la durée du plan, mais cette solidité n’est que transitoire, elle est dépendante du bon vouloir du spectateur qui d’un simple clignement de paupières peut briser la continuité qui lui est proposée.


Toujours, le regard du spectateur décide.

La lecture de l’oeuvre est souveraine car elle seule autorise ou non émergence au monde des hommes.

Chaque homme est l’humanité toute entière dans son pouvoir d’ouverture ou de repli sur soi, de discernement ou de confusion.

La question de l’apparition est donc double. Elle est à la fois un élément dans la construction ou l’élaboration de l’oeuvre et un effet du regard du spectateur.


Dans le dispositif de Barcelone, une tension est proposée entre continuité par le son, la musique et discontinuité, rupture par la visibilité.


Ce qui incite à travailler ce champ qui sépare la visibilité de l’image.


En proposant une visibilité apparemment dénuée de signe intentionnel, « Intermittences du coeur » tendait un piège diabolique : la tentation de l’image.


La situation est évidemment complexe, car s’il n’y a pas d’image proposée de manière évidente par la danse, le dispositif scénique lui-même n’en est pas aveugle ou a-iconique pour autant.


La présence des flashes et de leur opérateur renvoie bien sûr à la photographie et à tout l’univers fantasmatique qu’elle peut faire émerger. Plus précisémment, le rapport entre une femme qui danse et la lumière des flashes est gros de tout un monde cinématographique (Blow up d’Antonioni par exemple). Il est par ailleurs complètement investi de l’imaginaire de la photographie de mode bien sûr.


L’apparition de la danse étant soumise à la commande des flashes, un rapport de domination soummission s’infiltre en filigrane dans le dispositif, ce que montre très vite un plan rapproché.

Et dans ce cas, l’ange y laisse des plumes !


Alors faudrait-il redonner une visibilité d’un ordre différent à la question de l’apparition ?


Le rapport à la lumière peut-il être entraîné vers l’image plus solaire d’un rapport à la chaleur ou à la couleur ?

Faire apparaître le net du flou, comme le flash le fait en figeant un instantané dans un continuum, comme dans mon premier essai d’élaboration à partir de la partie 2 des Intermittences du coeur à Barcelone.


Mais plus radicalement, c’est par l’effet du montage, soit qu’il cache puis montre soudainement, ou qu’il brise les continuités temporelles pour s’appuyer sur l’attraction de la rupture, que se joue de manière plus productive peut-être la question de l’apparition / disparition, et du surgissement.


Des événements de regard comme dirait Didi Hubermann ?

Les lucioles ou les trajectoires des insectes pris dans les faisceaux lumineux comme dans mon film I+II+III+.

Ou les dispositifs des cinéastes et photographes animaliers (mais en s’écartant de dispositifs d’analyse du mouvement à la Muybrige ou Marey).


En recherchant aussi ce que pourrait être un film intermittent.


Et l’importance des très gros plans, pour faire apparaître le mouvement infinitésimal, la limite entre mouvement et immobilité, le défi à l’attention, pour guetter le mouvement.


C’est par ailleurs, de manière plus anecdotique, un regard vers les phasmes eux-mêmes, dont le mouvement ne se laisse sentir qu’au prix d’une attention soutenue et prolongée, comme le mouvement de la lune et des astres dans le ciel.


© 2010 Hervé Nisic