voix off

C'est Salomé qui pense au plat.

Mais Salomé, contrairement à Judith, ne tranche aucune tête.

Belle écervelée, ballotée entre sa mère vorace et le roi ébloui par sa danse (ou son corps ?), elle fait ce que lui demande sa mère, elle demande la tête de Jean Baptiste.

L’artiste pense-t-il à cette fille qui n'y est pour rien dans cette histoire de foi et d'inceste, ou plutôt à la viande à laquelle il fait ressembler toutes ces têtes ?

5.6. *Rembrandt "Décollation de Jean Baptiste",

devant la représentation d'un carnage, l'art du dessin ne déploie de la peinture rouge, ni de visages terrifiés d'horreur, souvent ce n'est que la rapidité du trait qui suggère que de la violence a eu lieu .

Tout est dans la danse du trait, qui est à la fois d'une extrême violence et d'une extrême grâce, on sait pas très bien qui c'est, on est au-delà de la représentation, on est dans le geste.

5.7. * Andrea Solario"Étude tête Jean-Baptiste

Pour Solario, pas de doute le martyre rend beau. On vise le sublime dans la présence charnelle.

L’horreur de la décollation a disparu. Il reste une hésitation, un repentir. Peur du vide, d’une nouvelle lisière entre le corps et son absence ?

on a l'impression que ce Saint Jean-Baptiste est déjà au paradis, il savoure tout ce qu'il y a de plus sublime dans le monde, et au-delà, et sa tête est l'image idéale que tout être humain voudrait avoir, il est déjà au paradis

c'est le contrepoint de l'abjection, c'est cette espèce de doublé qui est fascinant autour des têtes coupées, parce que nous sommes à la fois dans l'horreur, et dans le sublime.

voix off

5.10. Ensemble et détails Picasso.Salomé

Ensemble et détails du desssin de Picasso.

"Décapitation = castration," nous dit Freud en pensant à la Méduse, mais peut-être que ce sont les Salomé de son époque qui ne voulaient plus rester à la place prévue par les hommes, dont il a eu le plus peur--et le plus envie.

Salomé la divine castratrice

voix off

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