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Revoir Nijinski danser

CÉTAIT au temps du cinéma muet... Mais il n'y avait pas de film dans le projet artistique de Vaslav Nijinski, danseur et chorégraphe qui allait faire basculer le monde de la danse, à l'aube des années folles, entre 1909 et 1919. Ce qui amène Hervé Nisic, en trente denses minutes, à inviter " la divine marionnette " à une rêverie autour de L'Après-midi d'un faune, sa première chorégraphie créée en 1912: " Tu vas voir des images créées à partir des traces de ton travail. Ton Faune va renaître en images. "
Création d'images, archives photographiques du baron de Meyer, ceuvres d'art (scènes de danse sur des vases de la Grèce antique) dont le danseur et chorégraphe s'inspira ou qu'il inspira (Rodin), critiques de l'époque, commentaires d'artistes et de chercheurs: le tout s'entremêle, souvent de manière fort elliptique, pour évoquer la rupture qu'incarna Nijinski dans l'histoire de la danse.
" Décomposer le mouvement, exprimer la passion, mais garder aussi la pureté désintéressée du geste. " Souhaitant revoir Nijinski danser -d'où le titre de son documentaire -, Hervé Nisic évoque le système de notation chorégraphique que Nijinski a inventé pour " laisser une trace ". Le réalisateur a aussi recours à la modélisation par ordinateur que permettent photographies et partitions chorégraphiques et insère des extraits murmurés des Cahiers (Actes-Sud/Leméac, coll. " Babel " n° 448). Faute de voir danser celui qui sculpta le geste et immobilisa le mouvement pour mieux le dramatiser, on ressent l'envie de (re) voir ses créations.
Martine Delahaye

 

Martine Delahaye

 

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