J'AIME FILMER LA DANSE

Le mouvement signe la vie.

Se mettre en mouvement, c’est se signaler, se mettre en quelque sorte en danger sous le regard de l’autre, tous les chasseurs le savent. Mais le corps dansant se déploie au regard du filmeur en toute confiance, comme une pour une offrande à la caméra.

De tous les messages que les mouvements des corps nous envoient, la danse est peut-être celui qui nous parle le plus directement de notre être créateur.

Alors, la musique silencieuse du mouvement du corps résonne comme un air suspendu. Elle participe du grand mouvement de la nature et me dit la beauté d’être vivant.


Il n’y a pas de mouvement absolu, tout mouvement est relatif.

Construire une relation entre un corps et une caméra, c’est au sens propre comme au figuré, prendre position. C’est à dire se situer à tout moment en regard d’un geste, prendre appui sur un déplacement, et décider à chaque instant de son propre mouvement.

L’évolution du danseur devant la caméra me met en mouvement. Mouvement intérieur, émotion, inscription d’une nouvelle trajectoire dans l’espace et dans le temps, la danse transforme celui qui la regarde et entraîne celui qui la filme.

Cette attraction, comme celle qui régit le cours des planètes, lie le corps du danseur au geste de l’opérateur. Le cadre respire ces trajectoires mêlées et en restitue une image.


Dans le travail qui depuis cinq années me lie à la chorégraphe et danseuse Satchie Noro, nous sommes complètement d’accord sur la recherche la plus libre possible par l’improvisation, sur la précision et la variété des contrats réciproques passés entre la caméra et la danse.

Cette insémination de l’enregistrement de l’image par le geste, cette hybridation de la légèreté de l’improvisation et de la clarté des motifs est ce qui met en mouvement tout cinéaste.

Filmer la danse est un acte d’amour.


Hervé Nisic
Septembre 2009

 

 

les autres films de Hervé Nisic Nos vies Les nouvelles du monde video art textes liens Pour contacter Hervé Nisic Zone accès restreint