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Le Monde, Télérama

T Télérama, un article d'Emmanuel Anizon :

On sait aujourd’hui que, dans le cas de cancers du sein ou de l’ovaire, l’hérédité est importante. Les généticiens savent dépister deux gènes, BRCA1 et BRCA2, qui, lorsqu’ils sont altérés, prédisposent à développer la maladie. En d’autres termes : les femmes d’une famille à risque, dont la mère, les sœurs, les tantes ont eu des cancers, peuvent savoir, après analyse, si elles sont menacées. Les enjeux sont évidemment considérables. Pour la santé. Pour l’économie. Et c’est là que commence la guerre.
La recherche s’est faite grâce à une coopération internationale. Mais aux Etats-Unis, la société Myriad Genetics a mis au point des tests sur lesquels elle a imposé un monopole mondial. Du coup, le dépistage et la recherche médicale européennes sont menacés de ne plus pouvoir exister, d’être obligés de dépendre du savoir – et des prix – américains. Le docteur Dominique Stoppa-Lyonnet, qui anime, à l’institut Curie de Paris, un service d’étude de ces gènes, mène bataille avec d’autres chercheurs contre ce hold-up aux conséquences catastrophiques.
C’est cette bataille que nous raconte ce film, en suivant le travail sur le terrain de la souriante, douce mais déterminée Dominique Stoppa : explications sur le travail scientifique, sur ce que sont un cancer, un gène altéré, visites de patientes et suivi des familles, questions éthiques soulevées par ces tests, travail de communication auprès des journalistes pour alerter l’opinion internationale… Rien ne manque à cet exposé remarquable de clarté, de précision et de pédagogie. Si ce n’est, peut-être, le point de vue des Américains sur la question. TELERAMA N°2882 – 6 avril 2005

 

Le Monde Télévision, un article de Paul Benkimoun

Bagarre économique autour d’un test de dépistage d’un gène de prédisposition au cancer du seinComme le résume la chercheuse Dominique Stoppa-Lyonnet, « c’est un cocktail détonant de technologie, d’éthique, d’argent et de sein ».
Responsable d’une consultation de génétique des cancers à l’Institut Curie, elle est la principale figure de l’éclairant document d’Hervé Nisic et Caroline Tourbe, ont consacré au combat contre le monopole mondial que la société américaine Myriad Genetics a voulu imposer sur un test de dépistage d’un gène de prédisposition au cancer.
Dans 5% à 10% des cas de cancer du sein ou de l’ovaire, ilexiste un facteur de prédisposition génétique, en l’occurrence une altération ou mutation de l’un ou l’autre des gènes BRCA1 et BRCA2. Ces deux gènes sont présents chez tous les individus, mais 60% à 80% des femmes porteuses de l’altération génétique risquent de développer un cancer du sein. Prédisposition ne signifiant pas que la maladie soit inéluctable puisque, comme le rappelle Dominique Stoppa-Lyonnet, 20% à 40% des femmes porteuses ne feront pas de cancer du sein, sans que l’on sache encore pourquoi.
Privilégiant la logique commerciale plutôt que la qualité, la société Myriad Genetics a développé un test automatisé que Dominique Stoppa-Lyonnet juge « incomplet et pas le meilleur ». La société américaine a déposé un premier brevet sur la séquence du gène normal, puis un second sur trente-quatre mutations sur le milieu connu et, enfin, un troisième sur l’ensemble des techniques de diagnostics portant sur les gènes BRCA.
L’exercice de ce monopole aurait contraint les laboratoires du monde entier à adresser leurs prélèvements de sang à Salt Lake City (Etats-Unis), pour les faire analyser par Myriad Genetics. « L’Etat ne pourrait pas prendre en charge les coûts supplémentaires » d’un test devenu trois fois plus cher qu’en France, s’inquiète Dominique Stoppa-Lyonnet.
La bataille a donc été engagée en 2001 par l’Institut Curie, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et des chercheurs européens. Achevé en 2003, le documentaire ne rend pas compte de l’issue heureuse de ce combat, puisque c’est le 26 février 2005 que l’Office européen des brevets a rejeté les revendications de Myriad Genetics (Le Monde du 28 janvier).

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