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Eléments du scénario

Le texte du premier scénario original se trouvait sur le site Internet du film PERSONNE du CICV Pierre Schaeffer de Montbéliard dirigé par Pierre Bongiovanni. On peut le retrouver sur ce site miroir, ici.

LE DEBUT DU FILM :

SÉQUENCE 1 : DES ROSEAUX QUI PARLENT AUX MACHINES

AU SON : TRAVELLING DANS LES COULOIRS DU CONSERVATOIRE DE MUSIQUE DE PARIS. MELANGE D'ATMOSPHERES DIVERSES DE REPETITIONS, VOIX INCONNUES, TRACES D'INSTRUMENTS

1 / 1 GP SUR DES HERBES QUI ONDULENT SOUS LE VENT

1 / 2 SURIMPRESSION A LA MEMOIRE DE SUZANNE NISIC

1 / 3 ROUTE LA NUIT, TRACES DE VOITURES

1 / 4 ABRIBUS LA NUIT

1 / 5 OMBRES DE FEUILLES SUR UN MUR SON BRUIT DE DEMARRAGE D'UN DISQUE DUR D'ORDINATEUR

1 / 6 SERIE DE PLANS DE JEUX VIDEO D'ARCADE EN NOIR ET BLANC VUS DANS DES ECRANS DE CONTROLE

1 / 7 NOIR

SÉQUENCE 2 : GENERIQUE DEBUT

SÉQUENCE 3 : LE LIVRE DE SABLE

3 / 1 INT, JOUR, BIBLIOTHEQUE ANCIENNE SALLE DE LECTURE (ROYAUMONT)

3 / 2 SUR UNE TABLE UN TELEVISEUR MINIATURE.

3 / 3 UNE MAIN FROTTE DU DOIGT L'ECRAN DU TELEVISEUR. COMME POUR EFFACER UNE TRACE. SOUS LE DOIGT, UNE IMAGE EN FEEDBACK APPARAIT.

Voix off

Rappelez vous : Vous aviez lu un récit de Borges, " Le livre de sable ". Cette scène où un inconnu apporte un livre étrange vous revient : (couvert par une musique gitane) " J'ouvris le livre au hasard. Les caractères m'étaient inconnus... Mon attention fut attirée sur le fait qu'une page paire portait, par exemple le numéro 40514 et l'impaire, qui suivait, le numéro 999. Je tournai cette page ... (couvert par une musique gitane) L'inconnu me dit alors :

3 / 4 UN ‘IL APPARAIT PAR REFLEXION DANS L'ECRAN DU PETIT MONITEUR

- Regardez-la bien. Vous ne la verrez jamais plus. Il y avait comme une menace dans cette affirmation, mais pas dans sa voix. Je repérai la place exacte dans le livre et fermai le volume. Je l'ouvris aussitôt. Je cherchai en vain un dessin que j'avais repéré, page par page. Pour masquer ma surprise, je lui dis :

3 / 5 FOND BLEU

(couvert par une musique gitane) Il me dit que son livre s'appelait le Livre de Sable, parce que ni ce livre ni le sable n'ont de commencement.

3 / 6 TGP SUR UN FEU DE CIRCULATION QUI PASSE AU ROUGE, EN ARRIERE PLAN LA BIBLIOTHEQUE DE L'UNIVERSITE DE PARIS VIII

3 / 7 SALLE DE JEU VIDEO AU FOND UN JOUEUR TIRE AU PISTOLET SUR UN ECRAN. AU PREMIER PLAN DE VIEILLES MACHINES A ECRIRE

3 / 8 SERIE DE PLANS EN TGP SUR LES VIELLES MACHINES A ECRIRE

Voix off

En 1994, c'est à dire moins de trente ans après la publication du récit de Borges vous tombiez en arrêt devant un ordinateur. La machine écrivait sous vos yeux un texte littéraire appelé " le roman inachevé ". L'ordinateur produisait autant de pages que l'on voulait d'un roman sans début ni fin, inlassablement. Jean-Pierre Balpe, avait fait entrer la fiction de Borges dans la réalité.

3 / 9 NOIR

SÉQUENCE 4 : PAGES PRODUITE PAR LE ROMAN INACHEVE

4 / 1 SERIE DE PLANS FILES DE PAYSAGES MONOCHROMES JAUNES OU ROUGES EN VOITURE

Voix off

Sans s'émouvoir, l'ordinateur avait effacé la page du roman inachevé que vous veniez de lire Aussitôt, il en avait proposé une autre :

SURIMPRESSION

"ELLE S'ELOIGNE. DES GROUPES SE FONT, SE DEFONT AU GRE DES CONVERSATIONS. ELLE PARCOURT LENTEMENT LA SALLE DU REGARD. UN HOMME D'UN AGE PEU DEFINISSABLE ENGLOUTIT CONSCIENCIEUSEMENT UNE INFINITE DE PETITS FOURS.

EMMANUELLE AVAIT AUTREFOIS RENCONTRE MARION DANS UNE SOIREE ENNUYEUSE D'UNE QUELCONQUE STATION BALNEAIRE.

BRUTALEMENT UN TANKISTE TRAVERSE LA FOULE DES PERSONNAGES, QUAND IL REPERE UN OFFICIER SUPERIEUR ASSIS DANS UN FAUTEUIL COMME S'IL S'ENNUYAIT.

IL SE DIRIGE AUSSITOT VERS LUI. IL Y A COMME UN BREF ECHANGE DE REGARDS. IL CLAQUE LES TALONS, PRONONCE QUELQUES MOTS QUE PERSONNE N'ENTEND.

L'OFFICIER SUIT RAPIDEMENT LE JEUNE SOLDAT, COMME S'IL S'ETAIT PRODUIT UN EVENEMENT GRAVE.

L'OFFICIER REGARDE UN INSTANT LA SALLE, PREND UN TOAST AU CAVIAR D'IRAN SUR LA TABLE DU BUFFET, PUIS COMME S'IL SE SOUVENAIT DE QUELQUE CHOSE A FAIRE QUITTE L'OPERA.

4 / 2 AUTOROUTE TRAVELING VOITURE AVANT PLAN LARGE

Voix off

Par quel dispositif diabolique, ce roman s'écrivait-il de manière infinie à la demande du lecteur, sans jamais s'épuiser ? Quel était le mystère de cette littérature composée par une machine et cependant si humaine ? A cet instant précis, le piège de la littérature générée par ordinateur venait de se refermer sur vous

 

 

 

LA FIN DU FILM :

SEQUENCE 50 : LA FASCINATION

Voix off

Seul l'ordinateur peut satisfaire la demande d'une société qui, consommant de l'art comme on consomme une marchandise quelconque, épuise le stock d'oeuvres disponibles. L'oeuvre potentielle promet la satisfaction sans limites du désir, jusqu'à l'épuisement de celui qui désire. Le lecteur peut vivre dans l'anticipation de ce plaisir sans fin. Comme dans les jeux vidéo, deux démesures se retrouvent : celle de l'auteur qui devient inépuisable, et celle du lecteur, qui espère une jouissance infinie.

50 / 1 SALLE DE JEU VIDEO UN JOUEUR VIDE SON PISTOLET SUR LES SILHOUETTES DEVANT LUI

Cet extrême de la jouissance, c'est la fin du désir. Inconsciemment, c'est la mort. Le dispositif contient cette promesse en filigrane. Cette promesse de mort est le ressort même de la fascination Le projet de Balpe fascine car il promet la mort dans la jouissance extrême. Alors vous demandez vous, c'est l'empire du sens ?

ENTRETIEN AVEC HERVÉ NISIC

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