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La poésie comme maladie contagieuse ?
L'oeuvre n'est plus directement le produit du travail du créateur
au sens propre puisque l'écriture elle même est assurée par la
machine. En s'affranchissant du travail, le poète se libère de
sa propre limite à fournir une quantité de travail donnée. Le
nombre des textes qu'il va pouvoir faire générer devient sans
limite. Il devient l'origine d'une véritable prolifération dont
on peut imaginer qu'une fois lancée elle ne pourra plus être stoppée
car pouvant se déployer dans les réseaux comme une épidémie née
d'un virus. D'ailleurs, si l'on donnait une limite quantitative
à cette production, quelle devrait-elle être ?
J.P.Balpe : "Je crois qu'on est dans un univers d'échanges, enfin c'est mes
fantasmes. Je crois qu'on passe d'une société de consommation
d'objets donc réduits en nombre (par exemple si j'achète cette
tasse elle n'existe plus. On peut en faire mille exemplaires,
mais il y en a mille), à une société de flux où le problème ne
se pose pas. Il n'y a pas un exemplaire. Mais du coup ça bouleverse
tout c'est certain.
Ce qui m'intéresse c'est presque fantastiquement si j'étais mégalomane,
c'est que ce soit partout en même temps, et pas un objet unique
donc. L'idée d'unicité est tellement profondément ancrée dans
notre culture, d'unicité, de spécificité, de rareté. On passe
à une société où la rareté n'existe plus, l'unicité n'existe plus,
la spécificité n'existe plus puisque tout est dans tout. On peut
jouer sur l'image, le son, tout cela est mobile, tout ça c'est
des zéros et des uns."
"Donc je crois qu'il y a un changement culturel profond dont on
n'a pas encore tout à fait conscience, et qui se traduit encore
pour le moment dans des trucs un peu naïfs parfois comme moi ce
qui m'amuse et m'irrite à la fois c'est ce terme de l'interactivité.
Je crois que j'ai donné là dedans au début comme tout le monde
... Il faut que les paradigmes culturels bougent. Je crois que
le cinéma interactif c'est une connerie par exemple. Je le crois
très profondément maintenant. C'est à dire que ce n'est pas parce
que l'on va dire à quelqu'un "choisissez la blonde ou la rousse"
que ça change profondément sa vision du monde. En fait le cinéma
interactif renforce les stéréotypes, il joue sur les stéréotypes.
C'est donc l'inverse de ce que l'on voudrait obtenir. Et je crois
que le changement culturel, et je ne veux pas jouer du mot de
révolution car tout le monde en abuse, on a toujours l'impression
à son époque que l'on invente tout mais je crois quand même que
là il y a une technologie très riche de potentialités et qui pose
des questions à tour de bras."
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