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Le vertige
Qui verra plutôt le trouble, le vertige qui saisit l'interprète
d'un texte qu'il reconnaît comme pouvant être écrit par lui, mais
qu'il n'a pas écrit et qu'il est contraint de lire et d'assumer
en public ? Va-t-il être saisi par la tentation de disparaître
en tant qu'auteur traditionnel et comme Jean Pierre Balpe mettre
fin à sa production autonome ? Son dernier recueil s'appelle "Le
silence" et se termine par ce poème au vers unique :
"leur sens de la beauté est tel que parfois ils en meurent"
Qu'y a-t-il au bout de ce jeu avec la puissance que confère ce
dispositif ? Qu'est-ce qui se perd, qu'est-ce qui se gagne pour
l'auteur ? Est-ce la fin annoncée d'une littérature historiquement
placée entre l'apparition de la presse industrielle et le règne
de la télévision ?
Jean-Pierre Balpe : "Je crois que l'on passe à un niveau supérieur d'expression, pour
être franc. Quand je m'amuse à écrire, quand je fais un univers
comme ça, ça m'oblige à aller voir très profondément chez moi
ce que c'est que telle notion. Par exemple, tout bêtement, je
veux faire décrire une femme. J'en ai besoin à un moment, je voudrais
qu'il décrive une femme. Ça m'oblige à dire non plus "j'écris
au fil de la plume une femme, et là je lèche ma phrase", mais
ça m'oblige à dire "mais qu'est ce c'est pour toi une femme. Qu'est
ce que tu veux qu'elle soit cette femme ?" Et à ce moment là il
n'y a pas de raison que ça soit épuisé par un adjectif, il y a
des façons, des quantités d'êtres. Ça m'oblige à dire profondément
pour moi ce qu'est une femme. Donc l'expression est liée. Un autre
répondrait tout à fait différemment. Mais elle passe à un niveau
d'abstraction beaucoup plus élevé. Je compare beaucoup à l'art
contemporain. Je crois que la peinture contemporaine, l'art plastique
est en avance pour nous par rapport à ça. On est passé à un moment
où l'expression plastique va au delà de l'apparence."
Et pour le spectateur ? Serons nous très bientôt amenés à constamment
nous demander si le texte littéraire que nous lisons a été écrit
par un être humain ou par une machine ? Bien sûr il ne s'agit
pas du problème du rapport au réel, puisque la poésie et la fiction
peuvent aisément nous amener à accepter leur propre monde. Mais
n'y adhérons-nous pas parce que nous savons qu'un homme en est
l'auteur. ?
Sinon, quel nouveau sens prend la lecture d'un texte, quel est
l'enjeu pour le lecteur ? S'agira-t-il d'un nouvel apprentissage
de la solitude face au texte devenu autonome ?
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